Sur le chemin de l'école
Cassé
On joue, on tombe, on se fracture le bras. Deux fois. Net. Les enfants sont-ils entendus ? Une journée à attendre, quoi ? Qu’elle se résorbe. On ne croit pas, on n’entend pas, on attend. Quoi ? La famille sera prévenue après. Après la douleur, les pleurs. Larme sur la joue. Silencieuse. On apprend facilement le silence aux pas entendu. Longue journée d’attente. L’adulte croit mieux savoir que toi. Pourquoi ? Il croit qu’il sait ce qu’il ne maitrise pas.
Le plâtre ne répare pas. Il maintient. Les os se resouderont. Quelques semaines, il n’y paraitra plus. Oublié. Pour qui ?
Pas pour l’enfant qui lorsqu’il s’exprime n’est pas entendu.
Lire
Avec Ratus, Mina et Belo. J’apprend. Déchiffrer. Déchiffrer. Comprendre. Puis s’élancer. Des images pour les plus scolaires. Pour les plus conformes. Des livres en récompense avec des cassettes. Petit prince rouge du chat perché. Les cadeaux les plus précieux ne sont pas forcément les plus estimés.
Les cassettes n’existent plus. Dommage. Les livres trônent dans la bibliothèque. Encore.
On ne nait pas violent
Pour un sandwich jambon beurre. Pour une place, caste. Pour des illusions qui ne devraient pas. Pour un lieu où l’on nait, un lieu où l’on atterrit, un lieu où l’on grandit. Parce que le corps victime devient stigmate. On le voit. On le détecte. De loin. Chien renifle sa proie. Sans défense. Parce que pire parce que pas assez parce que même les adultes. Parce que le maitre frappe, mains, règles, doigts, joues. Parce qu’il autorise
le déchainement.
On ne nait pas violent.
Il y a aura des crachats. Dans les toilettes. La surveillance ? Un jour. Il y aura des cheveux minutieusement découpés, conserv,és transmis plus tard. Dans une enveloppe. Malaise, malsain. Il y aura les coups, les vols, les sourires qui n’en sont pas.
Un jour de révolution. Il y aura réponse.
Les mots comptent.
Brouhaha d’insolence. Au milieu une voix qui dit. Un jour tu écriras. Qui dit. Tu comptes. Qui dit. Tu as de la valeur malgré tout ce que tu ne sais pas. Qui encourage. Qui trotte qui reste qui ressemblera toujours à une caresse malgré l’eau acide. En feu. Une voix. Cette voix. Qui réchauffe quand. Cette voix qui autorise à.
Respect
Puis le collège. Une claque une réponse du respect. Et si tout se jouait là dans la réponse ou son absence. Ensuite tu seras tranquille. Tu as pris des forces. D’autres devront supporter les brimades, les bousculades, les insultes, le harcèlement. Parfois sexuel. Tu les vois. Tu bouillonnes. Insolente. Les adultes n’ont pas ton respect. Pourquoi ? Ils ne font rien. Ils ne peuvent pas ne pas voir ce que tu vois toi.
Baisse les yeux
A celle qui baissera les yeux. La première. Ce ne sera pas toi. Plus toi. Combat. Ne te laisse plus faire. Tu es en guerre. Perpétuelle. Elle s’invite. A l’école, dans les transports, dans la rue, dans la famille.
Tu ne veux plus être celle qui baissera les yeux. Tu deviens dure dure à l’extérieur et froide froide.
A l’intérieur. Tu te consumes. Pas entendu tu ne dis plus. Tu ne seras plus celle qui baissera les yeux. Sauf que l’attaque grignote. Vigilance. Le regard à l’affut. Le corps tendu. Prêt à bondir. Déchirer. Mordre. Croquer ce qui tente d’approcher.
Même l’amour.
Les gentils
Il était prof en Algérie. Pion ici. Puis boucher, puis gentil. Des gentils ça existe peu. C’est précieux. On s’en souvient des gentils. Il participe au flottement des vies. Il ne dit rien quand tu dérapes. Un peu complice de ce qui n’abime pas. La raison écorche. Elle a besoin d’être chancelante. Les gentils savent. Les gentils accompagnent. Les gentils ne condamnent pas ce qui enterre. Besoin de gentils dont les yeux doux sourient. L’absence de sanction qui souhaite la vie. L’autorisation qui permet l’apprentissage. Juste ce que qu’il faut de détournement pour contrer le danger. Et liberté.
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