Prendre la hache



Il a saccagé les arbres

Méthodiquement

un par un

avec rage 

Scindés, dépossédés

de leur lueur.

Il y a passé la journée.

Ne reste que les troncs, le cœur mort.

Un monticule de branches envahit le jardin.

il revient.

Cette fois c’est le chat. Toujours un pour actionner la fièvre. Coupable. Les autres coupables.

Une offrande. Un oiseau. Intacte mais sans souffle.  Quelques gouttes de sang sur le tapis.

Il l’a déposé au bas de l’escalier. Il tente d’apprivoiser la bête.

Qui est la bête ?

Rien n’amadoue, rien pour le rire, rien ne l’apaise. Tout vire.

Les cadeaux, même repoussant sont symbole.

Il ne le comprend pas.

De paix.

D’accalmie.

Je les accepte. Il les dénie

Créatures mortes dont il faut effacer la trace avant qu’il ne voie. Nettoyer le bruit. Avant la furie.

Ce matin-là, premier debout.

Il a marché dessus.

Spongieux.

Hurlements.

Tressaillement de la maison.  Recroquevillement des enfants.

Sa fureur, si tôt.

Nous vivons à demi.

Attendant le cri. Guettant l’angoisse s’infiltrer dans nos os.

Espoir que les coups ne pleuvent pas tout de suite, pas maintenant, pas trop longtemps, fort.

Il revient. Passe la porte. Dépose les outils sur la table. Il me regarde.

Je vois. L’étincelle

putride

envahir son visage.

ses mains tremblent.

Il a détruit

Des années de patience

Soin

à modeler un autour

Respirable

Pour que

le chat ne chasse plus les enfants ne courent plus que je n’inspire plus.

C’est fini.

Je ne peux plus

Je prends la hache.


JHendrycks

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